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TRIBUNE – Recrutements : les fintechs en quête de talents

Par Pierre Lahbabi, CEO de Galitt.

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Longtemps perçu comme austère, le paiement s’est transformé pour passer de simple commodité en une activité innovante et stratégique. Nous devons notamment cette transformation à l’évolution de la demande des clients et des entreprises, à l’accélération de la digitalisation des paiements et des services bancaires, aux changements technologiques qui remettent en question les activités de paiement traditionnelles et bouleversent la façon dont les personnes effectuent leurs paiements.

Concrètement, on voit maintenant arriver massivement un ensemble de nouvelles technologies et de nouveaux usages : le paiement sans contact, les achats en e-commerce, in-app ou dans des marketplaces, ou encore le paiement différé ou fractionné, qui facilite le déclenchement de l’acte d’achat, etc.

D’un point de vue économique, l’industrie du paiement s’est montrée particulièrement résiliente face à la crise sanitaire, avec un rebond très important par la suite et surtout une accélération très forte de la digitalisation des transactions, notamment liée au remplacement du cash.

Institutions financières, startups et géants de la tech se disputent ce marché colossal : selon Venture Scanner, en 2020, le paiement représentait 74% des levées de fonds et 45% des fintechs. Les Google, Amazon, Facebook et Apple ont quant à eux fait des incursions remarquées dans le paiement au cours des 10 dernières années. C’est aussi le cas des acteurs chinois comme Alibaba ou Tencent qui ont développé des services de paiements utilisés par plusieurs centaines de millions de consommateurs.

Un récent rapport du Boston Consulting Group indiquait que le secteur des paiements devrait voir ses revenus doubler d’ici à 2030, pour atteindre les 2.900 milliards de dollars. Ce marché encore méconnu du grand public crée donc de nombreuses opportunités d’emplois très qualifiés partout dans le monde, et particulièrement en France.

Pour développer les paiements de demain, les rendre toujours plus simples, efficaces et sûrs, les acteurs français redoublent d’efforts en termes d’investissements financiers et humains. Mais poursuivre dans cette voie leur sera difficile s’ils ne parviennent pas à recruter efficacement les nombreuses expertises sur lesquelles ils doivent pouvoir compter.

Les paiements combinent des problématiques commerciales, marketing, technologiques et réglementaires complexes. Autant de savoir-faire et de compétences requises chez les acteurs du marché (banques, grands retailers, PSP, fintech, etc.) qui disent connaître une véritable pénurie de talents.

L’ensemble des acteurs sont concernés, que ce soit les banques, les acteurs industriels mais aussi les cabinets de conseil et de prestations de service, qui sont pourtant essentiels pour aider tous ces acteurs à articuler des stratégies et gérer des projets de paiements.

Former les futurs acteurs 

Pour faire face à cette pénurie de profils, l’ensemble des acteurs doivent d’abord s’attacher à fidéliser leurs talents, en veillant à répondre aux attentes de leurs collaborateurs en termes d’environnement de travail, d’intérêt des missions et de perspectives d’évolutions.

Pour les acteurs des services, une dimension clés est de renforcer le sentiment d’appartenance à l’entreprise, en portant une attention particulière aux collaborateurs délégués chez les clients, est une priorité évidente. Tout comme proposer des formations et des parcours d’évolution à la hauteur des ambitions de chacun dans le secteur. En toute logique, ces leviers s’avèrent néanmoins insuffisants pour pallier des besoins croissants de ressources des spécialistes des paiements. Sur le volet du recrutement, plusieurs évolutions importantes sont aussi à envisager, en particulier avec un élargissement de l’approche à de nouveaux profils.

S’ouvrir à des profils moins expérimentés et plus jeunes est probablement un axe majeur à développer pour constituer les équipes d’experts de demain. Certes, cela nécessite des changements organisationnels, voire culturels, que chacun doit être prêt à conduire.

Il s’agira dans un premier temps d’accueillir ces jeunes recrues dans de bonnes conditions. Des dispositifs conjuguant formation et missions peuvent répondre aux problématiques de staffing, tout en offrant la latitude nécessaire pour faire de ces nouveaux collaborateurs des consultants et des business analysts aguerris aux spécificités des paiements.

Une logique qui a aussi ses avantages vis-à-vis des équipes existantes : intégrer des jeunes est souvent perçu comme un pari gagnant pour les collaborateurs en place, qui acceptent volontiers l’idée que leur entreprise reflète la société dans toute sa diversité. Un point d’autant plus crucial qu’ils sont essentiels à la réussite de cette démarche hybride pour ajuster les emplois du temps et la charge de travail des équipes en conséquence.

Même s’ils constituent un socle incontournable pour les entreprises, les profils confirmés ne doivent pas être les seules ressources de nos entreprises. La complémentarité de l’expérience et d’une vision nouvelle portée par les jeunes générations ainsi que la mise en place de parcours de formation sont sans aucun doute de vrais leviers pour repenser les stratégies de recrutement.

Si les entreprises ont un rôle à jouer en matière d’adaptation et de formation, beaucoup se joue aussi avant l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Les écoles, d’ingénieurs ou de commerce, doivent, elles aussi, informer voire former leurs étudiants aux nombreux débouchés existants dans les paiements pour in fine les inviter à s’orienter vers un secteur en pleine croissance, riche en défis passionnants pour les jeunes qui le rejoigne.

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